7 mois d'immersion en Italie, à Bologne. Expérience inoubliable dont ce blog n'est qu'un aperçu, j'ai essayé de partager avec le plus grand nombre mes découvertes, mes voyages, et quelques réflexions sur ce pays qui me fascine tant.

Mois après mois

18 juin 2006

En passant...

Me revoilà!

J'ai enfin deux minutes pour faire autre chose que travailler, réviser, bachoter, bûcher, potasser… Les écrits de mes concours terminés, je peux donc venir m'occuper un peu de ce blog.

Quelques changements, comme vous pouvez le voir. On passe aux couleurs d'été, et surtout, j'ai enfin réussi à régler les problèmes d'affichage récurrents sous Explorer.

Alors comme vous le savez, je ne suis plus en Italie depuis déjà 1 mois ½ . Malgré tout, j'ai toujours une cargaison de photos, anecdotes et autres réflexions relatifs à mes dernières semaines de présence en Italie. Mais pour l'instant ça va être difficile de mettre en ligne tout ça, je le ferai en juillet.

En attendant, comme je continue bien entendu à jeter des coups d'œil de l'autre côté des Alpes, et je voudrais revenir sur les différents évènements qui ont animé la péninsule depuis que je n'y suis plus. Quelques réflexions s'imposent.

Politique
Vous le savez, c'est mon sujet favori. Et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il y a de la matière en ce moment.

Le basculement à gauche de l'Italie depuis les dernières élections législatives est impressionnant. Je ne parle pas de l'opinion publique, toujours profondément divisée en deux, mais des fonctions institutionnelles.

Le nouveau président de la Chambre des Députés est Fausto Bertinotti, leader jusque-là du parti de la Refondation Communiste. Ce choix m'a personnellement surpris, voire choqué.






Fausto Bertinotti


Retour en arrière.

Le Parti Communiste Italien, aujourd'hui disparu sous cette forme, est connu pour avoir été un des plus staliniens d'Europe. Très influent en Italie pendant 50 ans, tantôt le PCI se partageait le pouvoir, tantôt il se le disputait, avec l'autre grande formation politique: la Démocratie Chrétienne.

Et puis dans les années 90, la fameuse affaire "Mani pulite" (mains propres), une série d'enquêtes révélant une corruption généralisée du système italien, a alors fait tomber tout ce beau monde. Laissant ainsi le champ libre à n'importe quel idiot. Au passage, c'est comme ça que Berlusconi a pu tranquillement débarquer dans l'arène politique: tous les taureaux en avaient été exclus! Bref.

Depuis 94, date des premières élections post "mani pulite" qui ont donc vu la première victoire de notre ami Silvio, on assiste à un retour en force de l'extrême-droite. La Lega Nord de Bossi, et l'Alleanza Nazionale de Fini (j'ai déjà parlé de ces deux compères plus avant dans ce blog) ne sont "que" des versions modernisées, donc dangereuses, du bon vieux fascisme. Berlusconi n'a jamais hésité à draguer des voix et des idées de ce côté-là de l'échiquier politique, faisant même appel à Alessandra Mussolini, la petite-fille, pour soutenir sa coalition.

La radicalisation du système politique italien était donc imputable seulement à Berlusconi.
Mais voilà que Prodi s'y met aussi, en faisant élire un communiste à la tête du Parlement. Au-delà de toute conception partisane, un communiste reste un extrémiste politique, et tous les extrêmes, de gauche et de droite sont à combattre.

Alors certes, l'idée de Prodi est évidente: il s'agit d'empêcher que "98" ne se répète. En 1998, Prodi était président du Conseil, et Bertinotti avait provoqué sa chute en quittant la coalition de centre-gauche. En le nommant à ce poste, il verrouille le parti de la Refondation Communiste, et réduit considérablement ses capacités de nuisance.

La fin justifie-t-elle tous les moyens? Même Berlusconi avait nommé un modéré pour ce poste à haute signification symbolique (Casini).

Mais ce n'est pas tout.

En plus du nouveau président du Conseil (Prodi), le hasard a voulu que le terme du président de la République touche à sa fin quelques semaines plus tard. Ce sont des grands électeurs qui votent pour désigner le plus haut dirigeant d'Italie.






Giorgio Napolitano, nouveau président de la République italienne.


Les 1010 grands électeurs sont:

- Les 630 membres de la Chambre des députés, dont la majorité est donc depuis peu de gauche ;
- Les 322 sénateurs, également majoritairement à gauche, même si cette majorité ne tient qu'à un fil (quelques sénateurs) ;
- Et 58 représentants des 20 régions du pays, quasiment toutes à gauche depuis les élections régionales de 2004.

Le nouveau président de la République, Giorgio Napolitano, est donc lui-aussi de gauche! Rien de surprenant me direz-vous.

Il y a pourtant de quoi s'interroger. La tradition veut que le Président de la République soit un homme de consensus qui se situe au-dessus des formations politiques, quel que soit son passé. Mais concrètement, Napolitano est un des piliers historique du Parti Communiste Italien (PCI)!!! Dans le genre impartial, on a vu mieux…

Heureusement, sa fonction n'est que symbolique. Mais c'est justement parce qu'on est dans les symboles que ce choix est plus que discutable.

Prodi se rend-il compte qu'il ne fait que donner raison à Berlusconi en faisant tous ces choix? Il rentre dans son jeu de radicalisation à tout-va. Et le risque, c'est d'entrer à nouveau dans le jeu du "plus rien ne va".

Cinéma
En Italie, je n'avais pas eu le temps d'aller voir "Le Caïman", le dernier film de Nanni Moretti sur Berlusconi. C'est maintenant chose faite.








Affiche du "Caïman"


Le "film à charge" est un exercice difficile. Je n'avais pas aimé Fahrenheit 9/11 de Moore, sur Bush. Je l'avais trouvé trop simpliste, trop réducteur, trop facile. La critique n'est pertinente que si elle élève le débat.

Là, Moretti s'en sort bien. Berlusconi n'est paradoxalement pas le sujet central du film. Mais il est omniprésent, en filigrane. Outre des images réelles de frasques bien connues de ce cher Silvio (dont la fameuse sortie du "kapo" au parlement européen), il est interprété par 3 acteurs différents. Façon de dire que Berlusconi est un peu tout le monde, qu'il a réussi à "envahir" et à "polluer" tous les esprits italiens.

Pour ceux qui ne connaissent pas l'Italie "de l'intérieur", sachez que tout ce que Moretti fait dire à Berlusconi est véridique. Ce film est criant de vérité.

Je ne peux que recommander ce film à ceux qui s'intéressent à l'Italie actuelle. Assez étrange et déstabilisant dans sa forme, ce film réussit à sortir des traditionnels clichés et sonne très juste. La fin est une apothéose de noirceur et, malheureusement, de réalisme.

Justice
Depuis la chute de Berlusconi:

1) Le parrain de la Mafia sicilienne, Bernardo Provenzano, recherché depuis plus de 40 ans, a été arrêté (le jour même de l'annonce de la victoire de Prodi),

2) Un immense système de pots-de-vin entre clubs de foot et arbitres a été mis à jour. La validité de certains titres "gagnés" ces dernières années par les éternels Juve et Milan (dont Berlusconi est propriétaire) a été mise en doute.

3) Tout récemment, le prince Victor Emmanuel de Savoie (le père d'Emmanuel Philibert, ce dernier étant celui qui est marié à Clotilde Courau) a été arrêté pour "association de malfaiteurs aux fins de corruption, de faux, et d'exploitation de la prostitution". Victor Emmanuel était un des soutiens avoués de Berlusconi aux dernières élections législatives…

Je suis épaté par l'efficacité soudaine de la justice italienne…

A bientôt...

1 commentaire:

Anonyme a dit…

ce que je cherchais, merci