7 mois d'immersion en Italie, à Bologne. Expérience inoubliable dont ce blog n'est qu'un aperçu, j'ai essayé de partager avec le plus grand nombre mes découvertes, mes voyages, et quelques réflexions sur ce pays qui me fascine tant.

Mois après mois

01 février 2006

Elections 2006 (1): Présentation

Bien le bonjour mes cybers-amis, le peu de messages sur mon blog ces temps-ci s’explique par l’absence de mon ordinateur, retourné faire un tour en Garantie, petite région de la France, de laquelle j’espère qu’il me reviendra très vite !

Le 9 avril prochain, les italiens votent pour renouveler les deux chambres du parlement, et donc indirectement (mais surtout) pour désigner le président du Conseil. Ce poste, actuellement occupé par M. Berlusconi, concentre la quasi totalité des pouvoirs de l’exécutif, le président de la République ne jouant qu’un rôle symbolique (un peu à l’image de notre 3ème République).

Ces « élections politiques », comme elles sont appelées, ont lieu tous les 5 ans, et sont les plus importantes du calendrier électoral italien.

Vous l’imaginez donc, la campagne électorale bat son plein (ce qui est amusant, compte tenu du « vide » qui la caractérise) depuis de nombreuses semaines. Fidèle à mon habitude (ce qui est une magnifique redondance), et au « projet » que je me suis fixé sur ce blog, je vais donc, à travers plusieurs messages postés d’ici au 9 avril, essayer de me faire le relais de ce qui se passe actuellement sur la scène politico-médiatique italienne, car à mon sens, cette campagne peut éclairer bien des choses sur notre vie politique franco-française et sur la campagne qui s’annonce.

Commençons aujourd’hui par une présentation (aussi objective que possible, comme toujours !) des forces politiques en jeu. Les deux principaux courants, cela n’étonnera personne, sont la droite et la gauche. Il existe un parti centriste bien plus important qu’en France, l’UDC, un des héritiers du parti pilier de l’histoire politique italienne de la guerre aux années 90 : la Démocratie Chrétienne. Mais l’UDC est intégré dans la coalition de centre-droit, et d’autres partis centristes (plus petits) sont passés à gauche. C’est pour cela qu’on parle ici de « centre-droit » et de « centre-gauche ». Respectivement incarnées par MM. Berlusconi et Prodi, les deux formations principales ne sont donc pas des partis uniques, comme nos UMP et PS nationaux, mais des coalitions de partis. A droite, la Casa delle Libertà regroupe 6 partis, et à gauche, L’Unione en compte 9 (cf. message du 21 novembre 2005 : démo-crasse-ie).

Au niveau de l’idéologie, la situation est assez comparable au paysage politique américain. Le centre-droit italien est économiquement libéral, et socialement conservateur, alors que le centre-gauche prône un certain protectionnisme économique et revendique des avancées sociales importantes. Le parallèle Italie – USA tend d’ailleurs à se renforcer puisque après avoir organisé des élections « primaires » pour désigner le chef de file du centre-gauche, Romano Prodi (le candidat ainsi désigné) s’est maintenant mis en tête de créer un parti unique de la gauche qui aurait pour nom le Parti Démocrate. La frontière entre influence et imitation est parfois floue…

L’état de santé politique des deux coalitions est en revanche très comparable à la situation française.

Le centre-gauche n’a d’ « Union » que le nom. Comme en France, sont casés dans cette coalition les socialistes (du moins une partie), les communistes, les verts, les radicaux, les alter-mondialistes (appelés « no global » ici), et j’en passe. Se dégage donc en permanence de cette Unione un beau brouhaha entre positions et propositions, actions et réactions, accords et désaccords des uns des autres.
Par conséquent, le projet politique est pour le moins flou (les mauvaises langues de droite diraient inexistant), et il ne faut pas compter sur Romano Prodi pour clarifier les choses.



Cet homme (ancien professeur d’économie à l’université de Bologne) est le politique le moins charismatique qui puisse exister. Ses discours sont – objectivement – incompréhensibles, il semble fuir les caméras, et quand finalement il réussit à parler, il accumule les gaffes du style : « Vivre à Rome ? Pour rien au monde ! ». Ce à quoi a logiquement rétorqué le porte parole de Berlusconi, Paolo Bonaiuti : « On fera tout pour que Prodi reste à tout jamais à Bologne – sa ville natale – mais il ne sait pas ce qu’il perd ! ». Ou comment donner le bâton pour se faire battre (aux élections). Imaginez Sarkozy déclarant la même chose à propos de Paris ! Et évidemment le maire de Rome Walter Veltroni, de gauche, en a rajouté une couche en s’offusquant publiquement de la sortie de Prodi, histoire de jeter un peu d’huile sur le feu.

Le centre-droit, de son coté, avance en rangs serrés derrière Berlusconi avec une assurance déconcertante. Dans cette coalition, miraculeusement, aucune voix discordante ne vient troubler la ligne politique tracée par le « Cavaliere » (surnom de Berlusconi).



Mais que la gauche se rassure, la Casa delle Libertà n’a pas plus de programme que l’Unione. Toute la communication de la coalition, jusqu’à maintenant, est basée sur l’énumération systématique de ce qui a été fait par le gouvernement pendant la législature. Selon Berlusconi, aucun autre gouvernement n’a atteint un tel bilan depuis 1945 en Italie. Que ces affirmations soient justifiées ou non, force est de constater qu’à la différence de la gauche, tous les représentants du centre-droit, leur chef en tête, maîtrisent parfaitement les médias en général, et la télévision en particulier. Et quand je dis « maîtrisent », je l’entends aussi bien au sens figuré – ils savent parler devant une caméra –, qu’au sens propre : ils en sont les maîtres…


A suivre…

8 commentaires:

Anonyme a dit…

Je viens de découvir ce blog grâce au lien sur celui de Virka. J'ai commencé à le lire, c'est très intéressant et bien raconté ! Bravo ! Moi qui n'accroche pas à la politique, ce post m'a bien éclairée. Merci

Juliette, expatriée à Lecce

Cyriel a dit…

Bonjour! Merci pour ton commentaire, c'est le meilleur compliment qu'on puisse me faire! Tu es Erasmus? Assistante? Autre? lol. Ah oui au fait, qui est Virka?!!!

Cyriel a dit…

Ca y est! Je sais qui tu es, ainsi que Virka! Je vous ai mise toutes les deux en lien, dans la rubrique ex-pate-riés!

Amo a dit…

Salut Cyriel!
ton ordi est toujours en réparation. Pour ce qui est de Berlusconi, j'ai trouvé ce site qui a l'air très drole sur le site du nouvel obs...
http://www.ginge.it/dummies.htm
a++

Anonyme a dit…

Merci Cyriel pour le lien. Et puis, plus besoin de te répondre, puisque tu fais les questions ET les réponses ;-) A bientot !

Anonyme a dit…

Moi c'est Virka ! Merci pour le lien !
Je ne m'étais pas présentée !

Anonyme a dit…

Coucou cyriel
Comme promis un ptit message sur ton blog. C'est très sympa ce reportage politique, j'attends la suite , mais bon à la lecture de ce que tu nous dis on peut déja parier sur qui devrait gagner! Amuse toi bien. A +

Cyriel a dit…

Virka, c'est plutot à moi de te remercier de m'avoir mis en lien! J'ai pas encore eu le temps de lire vos blogs (à Juliette et à toi), mais dès que ça sera fait, je me ferai connaitre par commentaires!

Merci Steph, alors cet emménagement avec le frère Martin, ça se passe bien?

Bisous