7 mois d'immersion en Italie, à Bologne. Expérience inoubliable dont ce blog n'est qu'un aperçu, j'ai essayé de partager avec le plus grand nombre mes découvertes, mes voyages, et quelques réflexions sur ce pays qui me fascine tant.

Mois après mois

08 novembre 2005

(In) femme

Grande première aujourd’hui, je livre à vos esprits critiques féconds quelques réflexions socioculturelles de mon cru.

En effet, depuis maintenant un mois et demi que je suis ici, je ne me lasse pas d’observer les différences culturelles entre la France et l’Italie. Et malgré ce qu’on pourrait penser, elles sont nombreuses. Elles sont d’ailleurs d’autant plus fortes qu’elles ne sautent pas aux yeux tout de suite. Vous me suivez toujours ?

Toutefois, certaines différences culturelles sont difficiles à masquer très longtemps. La place accordée à la femme en est une. Au-delà du cliché « l’Italie est un pays machiste » - que d’ailleurs ni je ne déments, ni je ne défends -, je dirais que ce pays a un rapport très ambigu à la femme. La publicité, la télévision, ou tout simplement la « vraie vie » (la rue, mes classes, mon immeuble, etc.) mettent en évidence deux conceptions de la place de la femme dans la société italienne.

D’un côté, il y a la femme objet de tous les désirs, montrée quasiment nue dans les publicités, dans toutes les émissions de télé et sur les parois de tous les kiosques à journaux de la ville, sans que personne ne s’en offusque. Les jeunes filles elles-mêmes semblent intégrer ce rôle que les images leur imposent : à 13 ans, elles sont déjà toutes maquillées, « stringuées », « jean-écourtées » et « permanentées ». On comprend pourquoi la chanson Lolita d’Alizée a fait un carton ici !

De l’autre côté, mais pas en opposition, c’est l’image traditionnelle de la femme soumise qui est véhiculée dans ces mêmes publicités, dans ces mêmes émissions de télé, et dans ces mêmes journaux aux photos racollantes, où ces mêmes dames, légèrement habillées, nous expliquent l’importance d’être une bonne ménagère, et où ces messieurs affirment très sérieusement « exiger une femme dévouée à sa famille, plutôt qu’au travail ». J’ai entendu cette dernière phrase dans une émission télévisée du type de feu « C’est mon choix ». En France, le public aurait sifflé de tels propos, car ce n’est plus politiquement correct de parler ainsi des femmes en public. Là, la présentatrice a donné raison au jeune homme, sous les applaudissements nourris du public. Quand le vieux fond judéo-chrétien de l’Italie ressort ainsi, j’ai l’impression d’apercevoir la face cachée de mon « rêve italien ».

Pour illustrer tout ça, prenons l’exemple de ces deux journaux très récents, et publiés à quelques jours d’intervalle.

Le premier est Il resto del Carlino. Ce journal, d’une qualité toute relative car tombant souvent dans le sensationnalisme, pourrait être comparé à France Soir (Comme disait Coluche, ce sont des journaux à grand tirage, très bien pour allumer le feu donc). L’édition de jeudi 3 novembre dernier comportait un article qui m’avait alors plutôt fait sourire quand je l’avais lu.



En effet, cet article relate le scandale provoqué par une publicité « osée » montrant une paire de fesses féminines à peine cachée par l’humidité d’une vitre.


Le sous-titre de la photo dit : « Si tu veux y voir plus clair, appelle tout de suite ton électricien ».

Ce qui a déclenché le scandale, c’est que cette pub a été publiée dans les pages de la revue Famille Chrétienne, une revue que l’on trouve dans toutes les églises d’Italie ! Le directeur du magazine religieux, interviewvé dans l’article du Carlino, refuse toute polémique en disant que « tous ses lecteurs regardent aussi la télévision ». Alors scandale ou pas ?

Quelques jours plus tard, je feuillette City, un des trois journaux gratuits disponibles à Bologne, donc en théorie accessible à tous, et voilà sur quoi je tombe :



Cette publicité pour un calendrier sexy vendu avec le magazine Max, donc lui aussi achetable librement, est pour le coup carrément érotique ! (et imaginez que cette photo fleurit sur tous les kiosques à journaux de Bologne en format géant !). Mais à la limite, en achetant Max, on sait ce qu’on va y trouver dedans, mais en lisant City, en pleine rubrique « actualités internationales », je m’attendais vraiment pas à tomber sur cette ravissante demoiselle !

Il ne semble donc pas y avoir de juste milieu. On passe d’un extrême à l’autre. La femme est soit cachée soit affichée, le voile ou le viol.

Comment expliquer cela ?

Il me semble évident que la société italienne est en pleine mutation. Mais le changement est brutal, et à un extrême semble se succéder un autre. Imaginez quand même que les jeunes de ce pays écoutent majoritairement le Pape, quel qu’il soit, quand il appelle au non port du préservatif, mais que dans le même temps, les jeunes filles italiennes sont les plus grandes consommatrices de pilules du lendemain de toute l’Europe !! (des chiffres montrent tout ce que j’affirme).

Quoiqu’il en soit, j’en conclus qu’il ne doit pas être facile d’être une femme aujourd’hui en Italie. Objet de soumission ou objet de désir (et objet de toutes mes attentions dans ce message), une chose est certaine : dans ce pays, la femme est encore avant tout un objet.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

INteressante analyse ilustrée par des articles non moins ... euh ... intéressant.
Juste pour info, France Soir est en liquidation. Mais t'inquiètes, il reste plein de jounaux bien plus pourris. N'hésite pas à piocher dans les tabloïds anglais qui sont vraiment à vomir!
Nice pun by the way!

Cyriel a dit…

Thanks!
Je savais pas pour France Soir. C'est vrai que l'angleterre bat tous les records niveau presse à rabais. Heureusement nous autres, peuples latins, nous résistons!

Anonyme a dit…

Non mais dites moi, vous ne vous ennuyez guère en temps qu'expatriés; pas besoin de vous demandez si vous copines respectives vous manquent, je constate que vous avez aisément déniché des substituts! Interdiction d'en ramenez pour la soirée du nouvel An, histoire de faire un concours de celui qui a le droit d'avoir les photos les plus sexy et gratuitement!
Cela dit, bisou quand même ( mais un bisou tradionnel entre amis, ne vous faites pas d'illusion!).
Elsa