19h, gare de Paris Bercy, le train vient de partir. Pas même le temps d'être triste, il faut arriver à faire rentrer 6 personnes - et donc le double de bagages - dans un compartiment minuscule. Ils ont été construits dans les années 70, à cette époque les valises étaient moins volumineuses explique un contrôleur, tout sourire. Tout va bien alors... et la sécurité aussi date des années 70 ? Il faut donc s’imaginer que pendant qu’une des personnes du compartiment range ses affaires, les 5 autres doivent attendre dans le couloir - dans lequel, au passage, tout croisement entre deux personnes devient hautement sensuel. A raison de 10 compartiments par voiture, je vous laisse imaginer la confusion qui règne pendant les premiers kilomètres du train Artésia en direction de Roma Termini.
Heureusement, au bout de quelques temps tout ce beau monde s’installe, les italiens se parlent déjà comme de bons vieux amis qui ne se seraient pas vus depuis trop longtemps, les français se regardent toujours en chiens de faïence, et puis peu à peu tout le compartiment s’anime : les jeunes parlent de leur angoisse de se retrouver seuls dans une ville qu’ils ne connaissent pas, les moins jeunes nous font partager leur expérience, le contrôleur passe récupérer les billets et les cartes d’identité… ça y est, nous sommes prisonniers ! Prisonniers volontaires !
Tout le monde se dévoile peu à peu, que nous soyons Erasmus à Rome, à Naples, ou assistants à Bologne, on s’échange expériences de voyages, souvenirs de périples, et autres conseils assez précieux, mais fondamentalement nous sommes tous dans la même galère. Une galère dorée, certes… mais un grand saut vers l’inconnu pour tous. Chaque arrêt en gare est l’occasion pour nous de sortir la seule chose qui nous relie encore à notre vie d’avant : le portable. Mais même la technologie semble être restée sur le quai du départ : les réseaux sont inexistants en dehors des grandes villes en France.
Et puis vient le moment de dormir, même si personne n’a vraiment sommeil… En un clin d’œil, les banquettes se transforment en couchettes, et le compartiment devient une chambre noire. Le confort est minimum : tout juste 5 centimètres de banquettes de plus que son propre corps – la chute de couverture, pulls, ou autres bouteilles d’eau est d’ailleurs fréquente –, et c’est certainement psychologiquement que les draps jouent leur rôle de protection face au froid, puisqu’ils se présentent comme un duvet dont on ne pourrait pas fermer les côtés. Autrement dit, on peut glisser ses pieds dans une sorte de poche, mais le froid continue de rentrer sur les côtés. Donc pas facile de s’endormir. Et puis quand le sommeil a été enfin trouvé, il y a bien sûr la douane. La douane qui passe à 3h30, en ouvrant toutes les portes, en allumant toutes les lumières, et en demandant - euh, en hurlant – à certains passagers : « I DOCUMENTI PER FAVORE !!!! » (soit, après une traduction approximative : « PAPIERS S’IL VOUS PLAIT !!!! »). La nuit fut donc courte, très courte…
Par conséquent, le voyage fut long… trop long. A 6h, arrivés en gare de Piacenza, une ville pas vraiment éloignée de Bologne sur la carte, je me mis donc en mouvement – même si on ne peut pas vraiment dire que j’aie arrêté de bouger pendant cette nuit – pour regrouper toutes mes affaires, descendre mes deux valises de dix tonnes chacune au sol – donc réveiller tout le compartiment au passage –, faire un brin de toilette, pour finalement m’entendre dire que – je traduis directement parce que sinon on s’en sortira jamais – « le train a environ une heure de retard monsieur ». Heureusement, un compartiment était resté vide, j’ai donc pu passer la dernière heure de ce voyage à regarder le paysage encore plongé dans le long manteau noir de la nuit – autrement dit j’y voyais rien -.
Heureusement, au bout de quelques temps tout ce beau monde s’installe, les italiens se parlent déjà comme de bons vieux amis qui ne se seraient pas vus depuis trop longtemps, les français se regardent toujours en chiens de faïence, et puis peu à peu tout le compartiment s’anime : les jeunes parlent de leur angoisse de se retrouver seuls dans une ville qu’ils ne connaissent pas, les moins jeunes nous font partager leur expérience, le contrôleur passe récupérer les billets et les cartes d’identité… ça y est, nous sommes prisonniers ! Prisonniers volontaires !
Tout le monde se dévoile peu à peu, que nous soyons Erasmus à Rome, à Naples, ou assistants à Bologne, on s’échange expériences de voyages, souvenirs de périples, et autres conseils assez précieux, mais fondamentalement nous sommes tous dans la même galère. Une galère dorée, certes… mais un grand saut vers l’inconnu pour tous. Chaque arrêt en gare est l’occasion pour nous de sortir la seule chose qui nous relie encore à notre vie d’avant : le portable. Mais même la technologie semble être restée sur le quai du départ : les réseaux sont inexistants en dehors des grandes villes en France.
Et puis vient le moment de dormir, même si personne n’a vraiment sommeil… En un clin d’œil, les banquettes se transforment en couchettes, et le compartiment devient une chambre noire. Le confort est minimum : tout juste 5 centimètres de banquettes de plus que son propre corps – la chute de couverture, pulls, ou autres bouteilles d’eau est d’ailleurs fréquente –, et c’est certainement psychologiquement que les draps jouent leur rôle de protection face au froid, puisqu’ils se présentent comme un duvet dont on ne pourrait pas fermer les côtés. Autrement dit, on peut glisser ses pieds dans une sorte de poche, mais le froid continue de rentrer sur les côtés. Donc pas facile de s’endormir. Et puis quand le sommeil a été enfin trouvé, il y a bien sûr la douane. La douane qui passe à 3h30, en ouvrant toutes les portes, en allumant toutes les lumières, et en demandant - euh, en hurlant – à certains passagers : « I DOCUMENTI PER FAVORE !!!! » (soit, après une traduction approximative : « PAPIERS S’IL VOUS PLAIT !!!! »). La nuit fut donc courte, très courte…
Par conséquent, le voyage fut long… trop long. A 6h, arrivés en gare de Piacenza, une ville pas vraiment éloignée de Bologne sur la carte, je me mis donc en mouvement – même si on ne peut pas vraiment dire que j’aie arrêté de bouger pendant cette nuit – pour regrouper toutes mes affaires, descendre mes deux valises de dix tonnes chacune au sol – donc réveiller tout le compartiment au passage –, faire un brin de toilette, pour finalement m’entendre dire que – je traduis directement parce que sinon on s’en sortira jamais – « le train a environ une heure de retard monsieur ». Heureusement, un compartiment était resté vide, j’ai donc pu passer la dernière heure de ce voyage à regarder le paysage encore plongé dans le long manteau noir de la nuit – autrement dit j’y voyais rien -.
Et puis, vers 7h30, Bologne montra enfin le bout de son nez, c’est-à-dire que je voyais ses usines (et oui… qui a déjà vu une belle arrivée en gare ?), et à peine le pied posé sur la terre ferme, je me suis retrouvé face à une montagne de choses à faire, un océan de décisions à prendre, et un immense courage qu’il me fallait prendre à deux mains. Mais celles-ci étaient déjà bien occupées à tirer mes deux valises…
La suite bientôt…
La suite bientôt…

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